Fondement des émotions, de l’attachement, de la communication et des mécanismes d’auto-régulation, les états nerveux sont à l’origine des comportements pris par le chien.
Quand la neurobiologie est le fil d’Ariane entre de multiples disciplines et ouvre la porte à d’autres.
Les bases indispensables pour améliorer son bien-être quotidien et développer une relation complice avec son chien. Tout pour mieux se comprendre et mieux comprendre les réactions de son chien.
Un guide pour actionner les bons leviers d’éducation, réguler ses états et ceux de son chien.
Les états nerveux : une notion vague
Dans ces cas-là :
- Nos prises de décision ne sont plus rationnelles
- Notre jugement est altéré
- Nous réagissons de manière impulsive sans même comprendre pourquoi.
Souvenez-vous de toutes les fois où, après une rude journée :
- vous vous sentiez frustré,
- vous aviez tendance à vous énerver pour un rien,
- vous aviez besoin d’extérioriser,
- vous aviez l’impression de ne pas pouvoir satisfaire vos propres besoins,
- vous étiez speed, en alerte sur tout,
- ou à l’inverse, vous vous sentiez apathique,
- incapable de bouger,
- etc.
Bref, toutes les fois où vous aviez l’impression de perdre le contrôle.
Pourquoi je vous parle de ça ?
Car il s’agit d’un énorme point commun entre nous et le chien. C’est même un point commun chez l’ensemble des mammifères.
Ce point commun, c’est la manière dont « notre second cerveau » influence nos prises de décision.
Comment il nous prédispose inconsciemment à adopter certains comportements plutôt que d’autres.
Ce « il », c’est le Système Nerveux Autonome.
Et vous allez voir qu’il est à la base de tout.
Le système nerveux dans tous ses états
Le Système Nerveux Autonome (SNA) gère l’activité des viscères. Ce n’est pas une nouveauté, nos organes fonctionnent de manière … autonome.
La digestion se lance et s’arrête sans que l’on ait besoin de décider de quoi que ce soit. Le cœur bat sans que l’on ait besoin de le contrôler. Nous respirons par réflexe. Etc.
Cependant, certaines situations stressantes de la vie mènent à une accélération de la respiration, une augmentation du rythme cardiaque, à des crampes / brulures d’estomac ou encore des ulcères.
C’est votre système nerveux autonome qui s’active. Sauf que lorsque l’on parle du SNA, on ne parle pas juste d’organes comme l’estomac ou le cœur. On parle bien de l’ensemble des viscères et petites glandes comme le pancréas, la vésicule biliaire, le foie, les glandes surrénales et bien d’autres encore.
En bref, une magnifique machinerie dont dépend la production d’une multitude de neurotransmetteurs qui vont avoir une influence sur nos réactions selon comment ils se combinent où ils sont produits dans le corps.
Le système nerveux dans tous ses états
Le Système Nerveux Autonome (SNA) gère l’activité des viscères. Ce n’est pas une nouveauté, nos organes fonctionnent de manière … autonome.
La digestion se lance et s’arrête sans que l’on ait besoin de décider de quoi que ce soit. Le cœur bat sans que l’on ait besoin de le contrôler. Nous respirons par réflexe. Etc.
Cependant, certaines situations stressantes de la vie mènent à une accélération de la respiration, une augmentation du rythme cardiaque, à des crampes / brulures d’estomac ou encore des ulcères.
C’est votre système nerveux autonome qui s’active. Sauf que lorsque l’on parle du SNA, on ne parle pas juste d’organes comme l’estomac ou le cœur. On parle bien de l’ensemble des viscères et petites glandes comme le pancréas, la vésicule biliaire, le foie, les glandes surrénales et bien d’autres encore.
Et c’est de ça qu’il est question : l’influence des neurotransmetteurs produits par les viscères sur les comportements.
Rassurez-vous, on va gentiment laisser l’anatomie et les neurotransmetteurs de côté pour se concentrer sur quelque chose de plus global 😉
A savoir, la subdivision du système nerveux autonome en 3 branches (et non pas en deux comme on l’entend encore trop souvent) : les branches sympathique, vagale dorsale et vagale ventrale.
Le SNA c’est un peu comme si l’on disposait de 3 forces intérieures qui nous poussent à des actions différentes.
A chacune de ces forces correspond une réaction neurobiologique. Une tendance comportementale. Des réflexes de défense vs des comportements sociaux.
Mais surtout, le SNA pèse à plus de 80% dans les réactions comportementales. Comme quoi, le « second cerveau » prend bien plus de place qu’on ne le croit !
Tout cela est donc parfaitement inconscient.
Lorsque l’on commence à ressentir une émotion, le SNA est déjà à l’œuvre depuis bien longtemps.
Imaginons que vous vous soyez fait agresser dans une ruelle. Lors de votre prochaine sortie, vous ressentirez surement de la peur lorsque vous vous en approcherez. Mais aviez-vous remarqué à quel point vous étiez en alerte et irritable bien avant d’arriver sur place ?
C’est là l’action du SNA : il vous met en alerte pour vous permettre de réagir plus vite bien avant que vous n’en ailliez conscience.
Les choses sont donc “légèrement” plus globales que prévu. Lorsqu’il s’agit de comportement (humain ou canin), identifier l’état est INDISPENSABLE.
Est-il ponctuel ? Permanent ? Quel est son intensité ? Est-il subi ? etc.
Car c’est de ça que naîtra une émotion plutôt qu’une autre et qu’un comportement émergera.
Une émotion sera toujours incontrôlable. Mais les états eux peuvent être régulés si l’on dispose des outils adéquats. Et ça c’est une excellente nouvelle car ça veut dire que nous ne sommes pas obligés de les subir.
Les subir, c’est prendre le risque qu’ils deviennent permanents (contrairement aux émotions qui sont éphémères).
On parle alors d’état par défaut. Cela apparait lors d’une exposition chronique à des facteurs de stress présents dans l’environnement, le mode de vie, les apprentissages, les relations, etc.
Et vu qu’ils sont à la base des émotions, ça prédispose un chien (ou un humain) à réagir plutôt d’une manière qu’une autre.
En connaître le fonctionnement, en reconnaître les signes précurseurs nous permet d’agir sur les causes profondes des problèmes. Ça nous permet d’accompagner un chien à réguler ses états jusqu’à ce qu’il sache le faire de lui-même.
Et vu que tous les mammifères partagent ces mécanismes, ça nous permet de mieux nous comprendre par la même occasion 😉
Et le cerveau dans tout ça ?
une question d'interaction
Souvent représenté de manière simpliste comme 3 couches indépendantes, le cerveau est en réalité un organe extrêmement complexe composé de nombreuses zones qui se développent étape par étape.
Le cerveau c’est donc le centre des processus cognitifs. C’est là que naissent les émotions, c’est lui qui permet d’analyser rationnellement une situation et c’est en grande partie grâce à lui qu’un chien apprend. Je dis bien en partie, car on a découvert des formes de vie qui peuvent apprendre malgré l’absence de cerveau. Comme quoi, la nature est surprenante !
D’ailleurs, la zone qui permet d’analyser « rationnellement » une situation et de tempérer les émotions arrive à maturité très tardivement. Il est donc tout à fait normal qu’un chien ne soit pas en mesure de gérer correctement ses émotions avant au moins ses deux ans 😉
Mais revenons à nos affaires : quelle place pour le cerveau ? Comment interagit-il avec le SNA ?
On a longtemps cru que l’activité du SNA dépendait d’une petite zone du cerveau qui doit son nom à sa forme en amande : l’amygdale (ou plutôt les amygdales cérébrales).
Celle-ci faisait office de « tour de contrôle » de l’environnement en analysant les signaux de danger et de sécurité. Elle fait partie du fameux “cerveau reptilien”comme on a l’habitude de l’entendre dans la culture populaire !
C’est du moins de cette façon que l’on appréhendait les interactions SNA / cerveau jusque-là. Sauf qu’on a découvert que le SNA renvoyait 4 fois plus d’information au cerveau qu’il n’en recevait.
Aujourd’hui, on sait que le SNA détecte les signaux de danger et de sécurité dans l’environnement sans même que les parties conscientes du cerveau ne soient impliquées. Ce que l’on nomme la neuroception.
Il analyse en quelque sorte la situation en direct et active une ou plusieurs de ses branches : sympathique, vagale dorsale et vagale ventrale.
La situation est-elle sûre ? Faut-il se mettre en état d’alerte ? Vaut-il mieux rester immobile ? Se dissocier ?
Pour cela, il se sert bien entendu des expériences passées stockées dans l’hippocampe, une autre zone du cerveau qui joue le rôle de disque dur interne de l’organisme
L’amygdale joue bien entendu un rôle primordial dans les réponses émotionnelles et comportementales. Elle est d’ailleurs fortement impliquée dans le circuit de la peur ou encore la mémorisation. En bref, des processus conscients bien qu’incontrôlables, en particulier lors de certaines phases comme l’adolescence.
Sauf que la détection des signaux de danger et de sécurité revient bien au SNA : c’est l’antichambre de tout ce qui se passe dans la tête d’un chien.
Reconnaître les signaux les plus subtils envoyés par le SNA, c’est identifier le terrain qui va favoriser la croissance d’une émotion plutôt qu’une autre et donc de potentiels comportements. Et comme dans un jardin, plus on prend soin de son terrain, plus ça pousse. Lorsqu’on le néglige, c’est la mauvaise herbe qui s’installe 😉
En clair, ça permet d’anticiper les réactions de fuite ou de combat bien avant de se retrouver dans une situation à risques par exemple. C’est un outil extrêmement précieux dans toutes les problématiques comportementales.
Mais ça permet surtout d’identifier lorsqu’un chien se sent en sécurité. Soit pour lui permettre d’intégrer que les situations sont sans danger. Soit plus simplement pour lui apprendre comment réguler ses états en activant les bonnes branches de son système nerveux autonome.
Car rappelons-le, les états nerveux sont les fondations de tout ce qui se passe dans le cerveau. Autrement dit, prendre soin du système nerveux autonome, c’est permettre au cerveau de se développer correctement et de bien faire son job.
Les comportements, reflets des états
Lorsque j’ai découvert la TPV, ça a été une véritable révélation. Et je pèse mes mots 😉
La TPV, c’est le fil d’Ariane entre de nombreux concepts de psychologie, de sciences sociales, d’éthologie et de sciences de l’apprentissage.
Elle donne un nouvel éclairage incontestable sur les relations de cause à effet entre éducation canine et comportement.
Elle démontre par quel moyen une éducation basée sur la coopération développe l’engagement, la confiance, l’autonomie, l’adaptabilité ou encore les capacités d’auto-gestion tout en garantissant sa motivation à interagir et son côté volontaire.
Cerise sur le gâteau : ça permet à l’humain de lâcher prise vis-à-vis de son chien 😉
A l’inverse, elle fournit une explication (neuro)physiologique des mécanismes nerveux derrière les comportements problématiques et les troubles comportementaux, qui sont intrinsèquement liés à :
- l’individualité du chien,
- la satisfaction des besoins,
- le développement comportemental
- l’environnement / le mode de vie
- ou encore leviers d’éducation
Objectivement, c’est souvent en cas de problèmes qu’on est tenté de serrer la vis pour respirer un bon coup. Nos propres états nous poussent à chercher les solutions les plus immédiates possible. À utiliser tous les moyens possibles pour faire cesser les comportements qui posent problème.
C’est “normal”, c’est un pur réflexe de défense !
Sauf que sur le long terme, les problèmes vont s’accentuer. C’est le début d’un cercle vicieux !
La TPV explique comment le recours aux punitions, même celles jugées non violentes, agit sur l’organisme. Quelle influence a un système éducatif basé sur l’usage de la carotte vs le bâton.
Pourquoi l’obéissance en tant « qu’obligation de faire sinon…» impose forcément une relation basée sur le rapport de forces, génère une impulsivité latente et réduit les capacités d’adaptation du chien.
Et surtout, en quoi tout cela conditionne le système nerveux à fonctionner par défaut d’une manière plutôt qu’une autre, menant quasi systématiquement à des troubles comportementaux.
Oui, éviter ces leviers est plus facile à dire qu’à faire. Car lorsqu’il y a des tensions, notre tendance naturelle sera toujours d’aller au plus efficace à court terme.
La clé du succès : un accompagnement du chien ET de l’humain.