De plus en plus, le monde canin prend une tournure scientifique. Les conseils, jadis emprunts de nombreux mythes, deviennent peu à peu basés sur les sciences du comportements, sur la psycho-physiologie etc.
Le féru de sciences que je suis ne peut que se réjouir de voir ça. Mais paradoxalement, à chaque fois que je prends du recul, le gardien, l’humain et le père que je suis constate que nos grands discours scientifiques, tantôt vulgarisés avec brio, tantôt donnant lieu à des raccourcis, ont aussi tendance à perdre plus qu’autre chose le « simple propriétaire » de chien.
Me vient donc depuis un long moment cette impression que l’excès de théorie vient petit à petit parasiter la spontanéité.
Que plus nous devenons techniques et plus nous nous éloignons potentiellement du vivant.
Je pense qu’il ne viendrait pas à l’esprit de beaucoup de monde de penser plan d’entraînement avec un enfant. Ni de réfléchir au meilleur timing pour introduire un signal comme « caca » ou « pot ».
Ces choses se font naturellement.
Certes cela peut avoir son importance auprès de certains publics. Certes cela permet des apprentissages plus rapides. Peut-être plus « propres » sans vouloir faire de mauvais jeux de mots.
Mais il n’empêche que je constate que cette haute technicité peut avoir un effet extrêmement répulsif ou décourageant pour certaines personnes que je vois en clientèle.
Et qu’en fin de compte, à trop vouloir mettre en application des timings parfaits, on en oublie l’essentiel : le lien et l’expérience émotionnelle des deux êtres vivants.
Et pour cela, rien de mieux que la vraie vie pour le développer. Je pense à toutes ces occasions où un chien nous montre qu’il a besoin d’être soulagé pour retrouver de la sécurité.
Toutes ces fois où l’on cherche à le comprendre, à partager ce qu’il vit.
Toutes ces fois où nous pouvons coopérer simplement dans notre quotidien sans chercher à mettre ceci ou cela en place dans un contexte de travail.
Toutes ces fois où l’on peut créer de la confiance juste en écoutant l’autre.
Toutes ces fois où nous partageons nous aussi une expérience émotionnelle commune avec notre chien.
Hors s’il y a bien une chose qui nous empêche de la vivre, c’est d’être totalement focalisé sur la technique, sur un timing. Car alors, on manque de recul, de spontanéité.
Alors le féru de sciences que je suis sera toujours le premier à vanter leur utilité. Elles sont là pour nous aider à mieux comprendre nos chiens, pas pour être paralyser de peur de mal faire ou de se tromper.
A nous de trouver le juste milieu en restant spontané et authentique. En osant vivre pleinement nos propres expériences émotionnelles pour mieux comprendre celles de nos chiens.
Ne perdons pas surtout pas en intelligence émotionnelle, elle qui nous fait tant défaut.