Si vous suivez ce blog, vous n’avez pas pu louper que j’écris régulièrement sur l’enfant en plus du chien.
Je trouve que bon nombre de situations de vie sont assez pertinentes pour peu que l’on sache où mettre la limite. Oui les chiens ne sont pas des bébés humains et vice-versa. Les comportements propres à l’espèce sont clairement différents, la communication … n’en parlons même pas tant ça n’a rien à voir, les aptitudes cognitives ne sont pas les mêmes, etc.
Mais sur des sujets biologiques / physiologiques ou psychologiques, les parallèles sont trop nombreux pour être ignorés (ce qui est aussi le cas avec de nombreux autres mammifères sociaux).
Et puis à vrai dire, j’aime bien écrire au sujet de ma fille (ce qui est en soi une excellente raison !).
Pour changer, j’avais envie de vous parler d’attachement (encoooore ?! M’en voulez pas, c’est un de mes sujets de prédilection^^)
Tout commence par une sombre nuit d’hiver. Comme tous les soirs, un temps de jeu (particulièrement intense) précède le dodo. La bête est excitée. Est-ce un trop plein d’énergie, d’émotions à faire sortir ?
Nul ne le sait. Toujours est-il que l’excitation est à son comble. D’un coup, calme plat puis viennent les pleurs.
La tête a-t-elle tapée ? Impossible de le savoir mais aucune marques de choc n’est visible.
Un moment de connexion semble à apaiser tous ce flots d’émotion. 30 minutes passent.
Vomissements incontrôlables. Un premier. Un deuxième. Un troisième….Une commotion ? Direction les urgences pédiatriques…
L’heure a beau être tardive, la salle d’attente est très loin d’être vide.
Tout ce petit monde attend son tour. Tandis que notre puce est lovée dans nos bras, la respiration lente visiblement apaisée, les autres enfants pleurent et s’agitent dans la salle, totalement ignorés par leurs parents.
Urgence oblige, l’attente est longue. Très longue. De quoi observer avec attention ce triste spectacle.
Les pleurs ne sont pas consolés. Les demandes de réconfort sont ignorés. Les émotions montent donnant lieu à des comportements de plus en plus agités et paniqués de la part des tout petits.
Scotchés sur leurs téléphones jusque là, quelques parents sortent de leurs gonds pour intimer leurs progénitures de stopper ces comportements déplacés.
Les menaces pleuvent : « tu veux que je t’en colle une ? », « si tu n’arrêtes pas je t’abandonne ! »
Pour la plupart, les menaces font leurs petits effets. Les gamins se mettent dans leurs bulles avant de repartir de plus belle.
Pourquoi un tel détachement vis à vis de l’émotion de l’autre ? Est ce que c’est de la honte ?
« Tu me fais honte, entendis-je d’une oreille ». Voilà un début de réponse…
Pourtant bien des adultes seraient eux aussi dans des états similaires s’ils étaient à la place de leurs progénitures.
Toujours est-il que ne sentant pas sécurisé, ces enfants n’arrivent tout simplement pas à trouver l’apaisement. Notre regard croise alors celui d’un autre couple, leurs enfants paisiblement blotti contre eux. Sans échanger une seule parole, on se demande mutuellement pourquoi nous percevons tant de distance entre les parents et les enfants présents.
De notre côté, l’heure est à l’exploration après un temps d’apaisement. D’abord en observant dans les bras, puis en demandant à descendre. Elle s’aventure un peu loin, revient, repars et ainsi de suite.
Elle tente même d’aller consoler d’autres enfants qui sont en panique. On surveille simplement qu’elle respecte l’espace vital de l’autre et sa communication.
(Car rappelons le, c’est de la sécurisation que naissent l’exploration, l’autonomie et la confiance en soi qu’il est important d’accompagner. C’est souvent là que le bas blesse : lorsque ce BESOIN n’est pas vu, pas compris ou pas respecté.)
Après une longue attente ponctué de petites rigolades en milieu des pleurs des autres, notre tour arrive enfin. Par précaution, direction le scanner.
Je ne sais pas si vous en avez déjà passé un dans votre vie, mais c’est vachement impressionnant comme engin … en plus il ne faut pas bouger !
Papa enfile son tablier de plomb pour rester auprès de sa puce et ça passe comme une lettre à la poste. Le plus dur est de canaliser la petite curieuse qui voudrait bien regarder de partout. Alors on s’aide d’un magazine, pas pour détourner l’attention, juste pour faciliter l’examen en regardant bien en face.
On passe un bon moment. Dans l’échange. Sans aucun signe de stress.
Elle est évidement encore trop petite pour gérer ça seule. Alors tant qu’il y aura besoin, papa et/ou maman sera là. C’est aussi simple que ça.
Au final, rien au scanner
Juste une remarquable coïncidence entre un choc anodin et le départ d’une énorme gastro. La légende raconte d’ailleurs que les parents finissent toujours par tomber malade eux aussi … la vie avec un enfant
Tout ça pour vous dire que la sécurité affective est à la base de tout, pour tous les êtres vivants.
Osez prendre soin de l’autre, osez faire passer les émotions avant le qu’en dira-t-on (ça il faut !), osez cultiver votre relation à la place de l’obéissance, osez être une épaule sur laquelle s’appuyer plutôt que celui qui utilise la force.
Osez sécuriser, osez soulager. Osez leur laisser le temps de choisir leur rythme, le temps pour observer puis le temps pour explorer.
En attendant, accompagnez chaque balbutiement d’indépendance en étant leur pilier (c’est la subtilité à ne pas louper ).
Soyez leur tuteur de résilience face à l’adversité.