Laisser du choix à nos chiens ne fera pas de nous des êtres faibles. Bien au contraire.
On entend souvent l’inverse, qu’il faut faire preuve de rigueur, de leadership ou encore qu’il faut absolument mettre un cadre sinon c’est toutou qui va faire la loi à la maison
La notion de choix est donc à bannir … mais pourquoi ? Qu’est-ce qui nous fait si peur à l’idée de laisser nos animaux s’exprimer ?
Pourtant, je suis convaincu que nous avons tous déjà expérimenté de près ou de loin ce qu’est la sensation de ne pas avoir le choix (ou d’un choix tellement orienté qui n’y en avait que l’illusion).
Cette sensation d’impuissance, de n’avoir aucun contrôle sur les événements ne laisse pas 15000 options à celui qui le subit :
se résigner et faire malgré tout, peu importe que cela soit contraire à nos valeurs, à nos envies, à nos besoins et à notre bien-être
protester / s’opposer pour remettre du contrôle sur son environnement et tenter de répondre à ses besoins, quitte à crier/ aboyer, grogner, rouspéter, intimider, frapper etc.
Entendons-nous bien, il est sans doute illusoire d’avoir tout le temps le choix. Mais les choses se gâtent sérieusement quand le quotidien est subit plutôt que choisit.
Le fait est que la perte de contrôle ne peut que développer des comportements à l’opposé des comportements sociaux.
Et soyons réaliste, nous contrôlons l’intégralité des vies de nos chiens : lorsqu’ils mangent, ce qu’ils mangent, lorsqu’ils font leurs besoins, l’itinéraire des balades, l’horaire, le rythme, s’il va y avoir balade ou pas, ce qu’ils peuvent renifler, les chiens qu’ils peuvent aller voir, les chiens ou les personnes qu’ils doivent croiser peu importe qu’ils soient à l’aise ou pas, ce qu’ils peuvent ou non faire, s’ils peuvent et ce qu’ils peuvent mastiquer, s’ils auront le droit à un peu d’enrichissement ou pas, etc.
Nous contrôlons nos chiens avant même de les avoir eus, dès que nous les avons choisis, dès que nous leur avons imposé notre choix (pour le meilleur ou pour le pire).
Et dans cette vie faite de non-choix, ou de choix imposés sans tenir compte d’aucune sorte de l’avis ni du ressenti de l’individu chien, on s’imagine encore avoir des chiens équilibrés et bien dans leurs pattes
On s’étonne de problèmes de comportements (qui bien souvent ne sont d’ailleurs que des comportements canins normaux) et de supposés troubles du comportement alors même que nous étouffons à grands coups de contrôle les mécanismes physiologiques sociaux du « meilleur ami de l’Homme » tout en développant ce que l’on ne souhaite surtout pas voir apparaître: des comportements non sociaux et des compensations en veux-tu en voilà.
Aucun d’entre nous ne supporterait d’avoir aussi peu de choix dans sa vie que ce que l’on offre à nos chiens. Pensez à ces journées (ou ces mois voire ces années) à prendre sur vous, où vous vous montriez irrité voire agressif pour tout et rien. Ou à l’inverse résigné, sans entrain pour rien. Frisant l’explosion ou l’implosion.
En un sens, est-ce que l’humain, manquant lui aussi cruellement de choix dans son quotidien (subissant un rythme de vie effréné, la course à la performance, d’assumer de plus en plus de choses dans un laps de temps toujours plus courts, subissant ce qu’on lui impose depuis souvent très petit, etc.) ne compense-t-il pas sa propre perte de contrôle en tentant désespérément de sur-contrôler son chien (ou n’importe quel être vivant sous le même toit …) ?
(Ça ne justifie bien entendu aucune violence ou intimidation, c’est juste pour souligner l’importance d’accompagner le binôme dans toutes ses composantes, humaine ET canine)
Tout ça pour dire que le choix est l’essence même de la vie. Laisser du choix à son chien c’est lui permettre :
D’exprimer son libre arbitre.
La possibilité de dire non.
De dire quand ça ne va pas.
Le choix et surtout son écoute, c’est gagner en confiance en l’autre.
Par répercussion, c’est gagner en confiance en soi car on se sent en sécurité
Donner du choix, c’est faire de nous une base de sécurité C’est développer l’engagement social
c’est lui permettre de développer sa tolérance et sa résilience
(Et accessoirement, c’est aussi apprendre qu’on peut se tromper car on a le droit de faire les « mauvais » choix sans craindre de se prendre un coup de masse sur le coin du museau.)
Le choix, c’est un prérequis pour que le chien nous accorde sa confiance. Il est absolument indispensable pour demander sa coopération.
Ça ne fera pas de nous des personnes faibles, juste des personnes plus empathiques.